Die technische welt

Du 1^er juillet au 2 août 2020

Galerie Fine Art

2, rue du Château
44000 Nantes

Présentation de l’exposition

L’exposition Die technische welt – le monde de la technique – du photographe Thomas Catifait, organisée par la galerie Fine Art, à Nantes, nous permet de découvrir une partie de la série photographique du même nom, réalisée en 2012, dans l’usine sidérurgique de Völklingen, en Sarre.

Site majeur de production de fonte et d’acier en Europe (l’usine employa jusqu’à 17 000 ouvriers au pic de sa production après la Seconde Guerre mondiale), Völklinger Hütte a subi la crise mondiale de l’acier dans les années 70 et a cessé son activité en 1986.
De site emblématique de la seconde vague d’industrialisation européenne, l’immense complexe est devenu un symbole du processus de disparition progressive des activités industrielles, de leur délocalisation, des crises économiques et du chômage massif que ce processus engendre par le passage à la tertiarisation de l’économie et à une société post-industrielle, sans que soient réussies pour autant les reconversions des régions les plus durement touchées…

Victimes de la grande accélération des mutations au XXème siècle, ces machines sont à l’arrêt. Le mouvement passé qu’elles incarnent désormais – la rotation infinie de ces engrenages, le mouvement sans fin des roues dentées mues par l’incessant va-et-vient des pistons -, renvoie maintenant à une évocation symbolique de l’aliénation passée du prolétariat à un capitalisme industriel triomphant. Terrible beauté… On songera à la vision qu’en donne Charlie Chaplin dans Les Temps modernes. On pense à Metropolis, de Fritz Lang ; à Moloch, divinité monstrueuse surgissant de cette mécanique implacable et à laquelle les travailleurs infortunés sont sacrifiés… On pense à la sueur teintée de rouge dans le Germinal de Zola.

La majesté silencieuse et immobile de ces machines s’impose maintenant aux yeux du photographe qui nous donne à voir des images en noir et blanc traitées à la manière d’estampes, à la « manière noire ». Sombres et contemplatives, elles éclairent d’une lumière crépusculaire la géométrie de ces structures répétitives et récurrentes, véritables topoï de l’architecture industrielle. Face à la dureté et à la violence des conditions de vie et de travail infligées à ce monde ouvrier, l’élégance et l’épure de ces images sont une façon pour le photographe de rendre hommage à l’histoire du lieu, de donner ou redonner ses lettres de noblesse à ces éléments architecturaux qui font désormais œuvre de support mémoriel…

Dans une Europe mise à l’épreuve de la mondialisation, Technische welt, comme d’autres séries du photographe, contribue à cette exploration visuelle des paysages urbains, industriels et ruraux engagée il y a une dizaine d’années, et dont la série D’ici et de maintenant constitue l’axe de lecture principal. Thomas Catifait s’attache à y relever la permanence des éléments vernaculaires qui les composent, ainsi que ceux, révélateurs des conséquences politiques, économiques et sociales sur les sociétés européennes de l’impératif actuel du tout-mondialisé au sein d’une économie globalisée.